Les musiciens de l'Ensemble TaCTuS sont en résidence cette saison à La Machinerie ; Reset, leur nouvelle création n'a pu hélas être montrée au public en raison du confinement.

Dans ce contexte inédit, seuls des professionnels du spectacle vivant ont pu assister à un filage (une répétition du spectacle) de ce rendez-vous manqué avec vous toutes et tous, afin de permettre malgré tout aux artistes d'être peut-être programmés dans d'autres Théâtres la saison prochaine.

L'aventure cette saison avec TaCTuS ne s'arrête pas là pour autant !
Elles et ils réservent aux publics et habitants de nombreuses opportunités de rencontres et d'interactions avec leur univers singulier.
Nous leur avons posé quelques questions...

  

 

 

L'Ensemble TaCTus est né il y a une petite dizaine d'année ; comment cette aventure a-t-elle commencé ?

 

L'Ensemble TaCTuS a été créé effectivement en 2011, à l'occasion du Taïwan International Percussion Convention à Taipei. C'est l'histoire d'un heureux hasard puisque nous avons été appelés pour remplacer un groupe au pied levé. Dans la foulée, Les Subsistances de Lyon nous ont sollicité deux années de suite pour accompagner les chorégraphes Yuval Pick (No Play Hero - 2012) et Maud Le Pladec (Democracy - 2013) lors du Festival Aire de Jeu. Le travail avec les danseurs a été le point de départ de notre travail autour du geste, du son et de l'espace. La recherche d'un langage commun entre nous, "musiciens", et artistes en tout genre se poursuit encore aujourd'hui après de nombreuses créations transversales avec la danse, le théâtre, le dessin et le cirque. 

 

Le public Vénissian avait pu découvrir L'Appel de la Forêt, votre précédente création qui convoquait l'oeuvre de Jack London et le travail de l'illustratrice Marion Cluzel. Pour Reset, vous avez choisi de travailler avec un artiste de cirque ; lors d'un projet précédent c'était la danse : la transdiciplinarité est-elle un enjeu pour TaCTuS ? 

 

La création pluridisciplinaire est l'essence même de notre travail depuis nos premières collaborations avec la danse. Chaque spectacle est une nouvelle collaboration artistique qui nous oblige à re-questionner la place de musicien, son rôle par rapport aux autres et dans quelle mesure nous pouvons faire entendre la musique autrement. Après le succès de L'appel de la forêt et le travail avec la dessinatrice Marion Cluzel, nous avons créé un autre spectacle, Encore la vie, avec le Collectif Petit Travers et sous la direction musicale de Paul Changarnier. Cette rencontre avec le jonglage a été une nouvelle page qui s'est ouverte sur l'univers du cirque. Un monde artistique très riche et qui résonne beaucoup avec notre travail. C'est donc tout naturellement que nous avons voulu poursuivre ce voyage avec R E S E T en invitant un danseur acrobate.

 


Le public n'a pu hélas découvrir Reset dont la création a dû être annulée en raison du confinement. Un mot pour celles et ceux qui avaient pris leurs billets?

 

Ne pas pouvoir présenter ce spectacle au public sur lequel nous travaillons depuis des mois est un véritable crève-cœur. Pour ceux qui avaient pris leur billet, nous leur disons que ce n'est que partie remise ! Le Théâtre & Bizarre ! ainsi que l'École de musique Jean-Wiener nous ont énormément soutenus et nous ont accueillis en résidences de nombreuses semaines. 

 

"L'Ensemble TaCTuS est en résidence cette saison à la Machinerie". Ça veut dire quoi concrètement pour des artistes ?

 

Cela signifie deux choses. La première est que La Machinerie soutient financièrement et logistiquement notre création et nous permet d'être en résidence au Théâtre sur toute la période de création, ce qui est une aide précieuse lorsque l'on cherche à créer un spectacle. La seconde est que durant toute la saison, l'équipe artistique et pédagogique de l'Ensemble TaCTuS est mobilisée sur tout le territoire de Vénissieux pour différents projets d'actions culturelles autour du spectacle R E S E T.

 

Dans le cadre de cette résidence, vous allez également créer Bang ! un concert avec les élèves de l'Ecole de Musique Jean-Wiener de Vénissieux qui aura lieu au Théâtre le 12 mai prochain. Peux-tu nous dire quelques mots sur ce projet ?

 

Bang ! cela fait référence au groupe New-Yorkais de musique minimaliste Bang on a can, fondé en 1987 par les compositeurs David Lang, Julia Wolfe et Michael Gordon. Nous avons travaillé dans nos premiers spectacles sur des œuvres de ce collectif et en particulier sur des pièces de D. Lang et J. Wolfe. Nous souhaitions revenir à ce répertoire avec ce projet en proposant un concert autour de l'œuvre de Michael Gordon et notamment de la pièce Trance. Ce projet réunira différents ensembles et orchestres de l'École de musique Jean-Wiener où enseignants et élèves seront mélangés.

 

Comment allez-vous travailler avec les élèves de l'École de Musique?

 

Le projet doit démarrer courant novembre. Nous allons intervenir régulièrement dans l'année avec les différents ensembles. Mais à l'heure où nous parlons, les cours d'enseignement artistique sont confinés et se font à distance. Difficile de vous répondre, nous espérons ne pas avoir à annuler une deuxième création à Vénissieux cette saison...  

 

...on peut déja vous voir dans les écoles et collèges du territoire Vénissian !

 

Oui, plusieurs projets avec les écoles, collèges et un IME (NDLR : Institut Médico-Éducatif) ont été lancé sur l'année afin d'aboutir en mai sur la scène du Théâtre lors des journées de La Fourmilière.   

 

Trois autres artistes - toutes disciplines confondues- dont tu (vous) admires (admirez) le travail ?

 

Quentin Dubois :

- Wadji Mouawad - auteur dramatique et metteur en scène > Pour la qualité de son écriture, l'utilisation des langues, son sens de la narration et la puissance de ses textes et sa mise en scène. Tout ce qu'écrit cet homme est dingue.

- Tigran Hamasyan - pianiste, compositeur > J'ai une admiration sans borne pour ce musiciens qui par son mélange des genres (jazz, musique trad arménienne, métal, classique) a su trouver son langage et n'est pas resté enfermé dans la case et l'étiquette qu'on lui prédestinait. C'est le défi de chaque musicien et de chaque artiste en général ne pas accepter les étiquettes :-) Son écriture et son sens du rythme sont incroyables. 

- Patrice Thibaud - acteur, metteur en scène, mime > un artiste entier, qui place le personnage au-dessus du reste et qui utilise l'art en le mettant au service du personnage. Mime, clown, musique, danse, et théâtre se retrouvent à égalité dans un même corps, c'est fort c'est drôle et c'est juste !

 

Paul Changarnier :

- Gisèle Vienne - chorégraphe, plasticienne et metteuse en scène franco-autrichienne >  un univers pluridisciplinaire singulier, mené par une écriture de précision dans une maîtrise totale des éléments du spectacle = sublime

- Kendrick Lamar - rappeur, parolier, et producteur américain > Un (jeune) maître de la production hip-hop. Je considère ses disques comme de véritables symphonies urbaines. Avec son langage (texte, sampling) il réussit à créer une musique intelligente et accessible avec un feeling déconcertant.

- Ólafur Elíasson - artiste contemporain islando-danois > Pour son travail sur la lumière, les couleurs, l'espace...ses oeuvres sont toujours très inspirantes et d'une justesse incroyable. 


Une dernière question, et pas des moindres (roulements de tambour) : Pour TaCTuS, il est comment le monde d'après ? 

 

Compliqué... Mais avec TaCTuS ça c'est sûr ! 

 

 

Crédit photos : Header de page - Anne-Laure Étienne